Depuis le 27 août, le compte Twitter de Rapports de force est suspendu. Et ce, sans aucune explication. Ce mercredi 4 septembre, 37 médias indépendants, soutenus par trois organisations syndicales nationales (CGT, FSU, Solidaires), publieront simultanément sur X une protestation contre cette atteinte à la liberté de la presse et au droit d’être informé. N’hésitez pas à la relayer.
Décidément, la présence de Rapports de force sur les réseaux sociaux n’est pas un long fleuve tranquille. Pourtant, par la place qu’ils occupent dans la façon dont une grande part de la population s’informe, ceux-ci sont devenus incontournables pour n’importe quel média. Après l’épisode Facebook en 2020, où nous avions dû mettre en demeure le géant californien de ne plus bannir les URL de notre site, voilà que X (Twitter) nous évince de sa plateforme. Une décision qui entrave l’élan de notre rentrée en accaparant du temps que nous préférerions consacrer à notre travail de journaliste.
Depuis le mardi 27 août, le compte de Rapports de force est inaccessible sur X. « Compte suspendu » y est-il inscrit en lieu et place de ses publications. Toutes nos tentatives pour entrer en contact avec la plateforme détenue par le libertarien Elon Musk sont restées vaines. A ce jour, nous ne savons toujours pas pour quelles raisons Rapports de force est suspendu de X. Nos tentatives de recours sont restées sans réponse.
Cette censure d’un média indépendant crée un précédent aussi inacceptable que dangereux. C’est la raison qui nous a poussé à nous entourer de nos confrères des médias indépendants pour réclamer ensemble la réactivation de notre compte. Ce mercredi à 15h, 34 médias publieront simultanément un texte commun (voir ci-dessous) sur le réseau social X. De cette façon, nous espérons faire le plus de bruit possible autour de cette suspension, afin que la plateforme revienne sur sa décision. Vous pouvez bien sûr amplifier la portée de cette action coordonnée en la relayant vous aussi.
Bien sûr, les réseaux sociaux et leurs sélections algorithmiques, gérés par de grands groupes privés, posent de nombreux problèmes. Particulièrement X, dont le propriétaire a fait sien l’agenda de l’extrême droite et de la droite extrême. C’est pourquoi, dès 2020, nous avons fait le choix de rejoindre Mastodon, une alternative à Twitter. Depuis, nous avons également créé un compte sur Bluesky. Pour autant, ces alternatives restent encore modestes. Notre compte Mastodon est suivi par moins de 2000 personnes et celui sur Bluesky par 400 seulement. Contre près de 12 000 sur X.
Ainsi, à moins d’un départ collectif, concerté et organisé de ce type de plateforme qu’il pourrait être souhaitable d’initier, il est difficile de s’en passer. Mais une bataille après l’autre.
Liberté de la presse : le média Rapports de force doit être rétabli sur X (Twitter)
Sans avertissement, sans justification et sans possibilité de faire appel, le 27 août, X (anciennement Twitter) a suspendu le compte de Rapports de force, qui compte près de 12 000 abonné·es. Il est plausible qu’un raid de signalements malveillants ait été à l’origine de cette suspension. Toutefois, l’absence totale d’explication de la part du réseau social d’Elon Musk laisse planer le doute. Cette situation soulève de profondes inquiétudes, car elle touche à la liberté d’expression et à la liberté de la presse.
La presse indépendante joue un rôle fondamental en tant que contre-pouvoir dans une démocratie. Depuis sept ans, les journalistes de Rapports de force s’attachent à documenter l’actualité des mouvements sociaux, offrant une couverture souvent absente des grands médias traditionnels. Ce travail est indispensable pour donner la parole à celles et ceux qui luttent pour leurs droits et pour exposer des réalités souvent occultées. Censurer Rapports de force revient non seulement à museler une voix indépendante, mais aussi à remettre en question le pluralisme de la presse.
Que des réseaux sociaux puissent suspendre des comptes, sans préavis ni recours, interroge sur l’avenir pour la liberté de la presse sur ces espaces numériques, qui sont devenus des vecteurs majeurs de l’information. Nous sommes bien conscients que des alternatives à X (Twitter), telles que Mastodon, doivent être développées pour sortir de cette impasse, et nous y sommes présents. Mais celles-ci restent modestes dans leur portée.
En attendant, nous ne pouvons accepter ce précédent dangereux. Loin de n’être qu’un simple incident, la suspension du compte de Rapports de force sur X (Twitter) soulève des questions fondamentales sur la concentration du pouvoir médiatique entre les mains de quelques grandes entreprises et sur l’arbitraire de leurs décisions.
Nous réclamons que X (Twitter) rétablisse immédiatement le compte de Rapports de force sur sa plateforme. La liberté de la presse ne peut être négociée, elle doit être protégée et respectée en toutes circonstances.
Médias signataires : Acrimed, Afrique XXI, Alternatives Économiques, Au Poste, Bastamag, Blast, Cerises la coopérative, Chabe, Disclose, Fakir, IPNS, L’Alterpresse68, L’arrière Court, La Brèche, La Déferlante, La revue Pays, Le Ch’ni, Le courrier des Balkans, Le Media-TV, Le Poing, Le Poulpe, Les Jours, Lisbeth Media, Médiacités, Mediacoop, Mediapart, Mediavivant, Mouais, Orient XXI, Politis, Rapports de force, Reflets-info, Reporterre, Rue89 Bordeaux, Rue89 Lyon, Rue89 Strasbourg, Streetpress,
Autres signataires : Louise Bihan (journaliste à l’Insurgée), la CGT, SNJ-CGT, Simon Duteil (ex co-délégué général de Solidaires), Fonds pour une presse libre, FSU, Les Autres Voix de la Presse, SNJ-Solidaires, Solidaires 34, 69 et 84, SPIIL, SUD Collectivités territoriales, Union syndicale Solidaires, Youpress, Michael Zemmour (économiste)